L’émerveillement. L’église Notre-Dame de l’Assomption, l’un des plus belles de Lorraine, semble hors du temps, juchée sur une colline qui surplombe le village de Mont-devant-Sassey.
Dans ce coin de Meuse, on ressent l’envie impérieuse de cesser séance tenante toute chose et de se poser là. Pour méditer, pour respirer. Laisser le monde continuer sa course folle et faire lien avec le spirituel et la nature.
Est-ce la beauté architecturale de cet édifice religieux, bâti aux XIet et XIIet siècle sous l’impulsion des dames chanoinesses d’Andenne qui impressionne à ce point ? Est-ce cette vallée alluviale de la Meuse, zone humide classée Natura 2000 et dont l’intérêt écologique préserve bien des espèces en danger comme le râle des genêts ?
À l’abri sous terre ou filant à flanc de coteau, l’eau est omniprésente. Et il n’est pas rare d’y croiser des personnes, bâton de sourceur en main, attirées, disent-elles, par une énergie invisible. « Déjà à l’époque celtique, un oratoire existait à l’emplacement de l’église et bien avant encore des mégalithes s’y découvrent », assure Nanou Bouillet, historienne de l’art et habitante du village.
Les dames chanoinesses d’Andenne
Ici, au VIet siècle, une aristocrate mérovingienne, Begge d’Andenne, décision d’ériger une première église, en mémoire de son mari Ansegisel, assassiné. Est-ce cette église d’origine qui fait office de crypte de Notre-Dame de l’Assomption ? Nanou Bouillet en est persuadé, même si le débat n’est pas clos.
Ce sont les héritières spirituelles de Begge qui firent construire l’église actuelle de Mont-devant-Sassey, les dames chanoinesses d’Andenne.
Begge était, en effet, à l’origine de la création de l’abbaye d’Andenne en région wallonne, berceau de la dynastie carolingienne. Quel lien avec le département actuel de la Meuse ? La mère de Pépin le Jeune et aïeule de Charlemagne y venait en villégiature sur ces terres.
Quand les chanoinesses d’Andenne, toutes de la haute noblesse, pendantent quitter leur abbaye wallonne, c’est ici qu’elles trouvèrent refuge. Le temps d’y édifier Notre-Dame de l’assomption avant de s’en retourner.
Des jeunes ambassadeurs du patrimoine
L’histoire de ce village d’une centaine d’habitants paraît extravagante par sa richesse. Mont-devant-Sassey, par le biais de l’Association des amis de l’église , forme des gardiens, pour en assurer la transmission, les Jeunes Ambassadeurs du patrimoine, un concept lancé dans cette commune au début des années 2000 par Annie Champenois (décédée) et Nanou Bouillet.
« L’idée était de trouver des volontaires pour ouvrir l’église au public et d’intéresser les jeunes au patrimoine de leur secteur et à sa sauvegarde », détaille Nanou Bouillet. Une réussite saluée au niveau national par le Sénat et par la Fondation du patrimoine.
Âgés de 12 à 18 ans, ces bénévoles partagent avec « 15 000 visiteurs par an » leurs connaissances acquises sur les trésors romains, gothiques ou encore de la Renaissance de Notre-Dame de l’Assomption.
Mairie-lavoir : trois en Meuse
Outre l’église, Mont-devant-Sassey recèle une rare mairie-lavoir (toujours en eau). Construite en 1849, elle a été conçue par l’architecte Théodore Oudet.
« Il n’en reste que trois en Meuse », apprécie Nanou Bouillet. L’histoire de la commune a aussi été marquée jusqu’en 1908 par l’ancienne fonderie Farnier-Bulteaux, productrice de cloches qui tintaient dans toute la France et au-delà. Le site devenu habitation privée ne se visite plus.
Mont-devant-Sassey a bien d’autres histoires à raconter. Le spectacle Les Nocturnes de mont , incarné par des bénévoles à la lueur des flambeaux, fait revivre druides celtes, fondeurs de cloches et vignerons, princesse mérovingienne ou encore Dagobert. Cette reconstitution historique est prévue les vendredi 20 et samedi 21 septembre à Mont-devant-Sassey.
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