L’intelligence artificielle (IA) a-t-elle une influence négative ou positive sur le métier de journaliste ? Difficile de répondre à une telle question, tant ses ramifications sont multiples et complexes. Ce qui est certain, c’est que l’IA modifie en profondeur la sphère médiatique grâce à des outils de plus en plus performants. « Si l’IA va faciliter la production de contenus trompeurs et les rendre plus difficilement détectables, elle est aussi un outil pour détecter la manipulation de l’info et faciliter le travail journalistique », souligne Noël Corbin, délégué général à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle au ministère de la culture. Vendredi 22 mars, des acteurs du monde médiatique sont venus aborder, dans le cadre des Rencontres Culture Numérique l’impact de cette révolution technologique dans leur travail et les initiatives menées pour éduquer leur public à l’IA.
L’IA, un outil formidable, mais…
Sans conteste, l’IA permet de formidables économies d’échelle. À Radio France, elle est utilisée depuis 2016 pour des usages très pratiques de retranscription des émissions en temps réel. Sans conteste, l’IA permet de formidables économies d’échelle. « Il s’agit d’une utilisation positive de l’intelligence artificielle car auparavant, le journaliste devait tout retranscrire à la main, ce qui était long et fastidieux », explique Estelle Cognacq, directrice adjointe de Franceinfo, chargée du numérique et directrice de l’agence Radio France. Très utiles également, les outils de détection d’actualités imprévisibles : grâce à certains tweets décelés par l’IA, certaines rédactions ont été au courant immédiatement d’événements comme les attentats de Strasbourg ou en Belgique.
Mais chacun sait que l’IA rend possible, avec une facilité déconcertante, la mise en forme de fausses informations quasiment indécelables sur les réseaux sociaux. Reste que l’on ne reste pas sans armes pour s’en prémunir. « Je crois à la collaboration entre chercheurs et journalistes dans la lutte contre la désinformation, affirme Estelle Cognacq. L’IA et son développement important nous obligent à aller sur ce terrain-là et à combattre à armes égales. » Ainsi, Radio France s’est associée à l’école d’ingénieurs de l’Inria pour mettre au point un outil de statistiques capable de faire de la vérification d’information en temps réel.
Détecter la manipulation de l’information : de l’analyse critique à l’IA critique
L’Agence France Presse a elle aussi été bouleversée il ya environ un an avec l’arrivée des IA génératives accessibles au grand public comme ChatGPT ou Midjourney, notamment dans le domaine de l’image. Elle a lancé AFP Factuel, présent dans 85 pays avec 140 journalistes dans 26 langues, qui traite des affirmations douteuses qui circulent sur internet et qui sont potentiellement nuisibles. « Nous traitons de sujets d’intérêt public qui ont une certaine viralité sur les réseaux sociaux », résume Alexis Orsini, journaliste « fact-checker » au sein du service. Avec parfois, un travail de fourmi pour remonter la source de certaines images produites avec l’IA. « La meilleure arme que l’on a, c’est de revenir à la toute première occurrence sur le web pour trouver son auteur. Ce sont des méthodes hyper manuelles, confie Juliette Mansour, journaliste « fact-checker » au sein du service AFP Factuel qui se veut optimiste quant à notre capacité à reconnaître le vrai du faux. Il faut faire appel à son sens de l’analyse : plein d’indices se cachent dans les photos. »
Mais si l’analyse est souvent plus sûre, elle prend du temps. « On fait une erreur en considérant l’IA comme un ennemi de la démocratie, explique le journaliste Thomas Huchon. Le problème, c’est la diffusion des messages : n’importe qui peut dire n’importe quoi et les réseaux sociaux vont faire en sorte que le message atteigne une audience colossale. » C’est pourquoi, rien de mieux que de se servir de l’IA elle-même pour débusquer les fausses informations et intervenir contre elle aussi viralement que possible. Ainsi est né en janvier dernier « Anti fake-news AI », matérialisé par un avatar du journaliste. Lorsqu’une fausse information est détectée, Thomas Huchon peut produire très rapidement – en moins d’une heure – une vidéo contradictoire grâce à l’intelligence artificielle. Le personnage que l’on voit à l’écran n’est pas réel mais « les mots sont prononcés par des humains, ainsi que les enquêtes, l’écriture et le montage », précise-t-il. Cette méthode permet notamment de répondre à cet enjeu de temps, capital pour apporter une contradiction plus percutante sur les réseaux sociaux et pour que le public se fasse une opinion contrastée.
Reporters sans frontières : relever les enjeux de déontologie, d’indépendance et de droit
Reporters sans frontières s’est emparé du sujet en créant, en juin 2022, sur le principe de la Charte de Munich, référence européenne de la déontologie du journalisme, une Charte de Paris pour l’IA. « L’enjeu était de réunir des experts aux sensibilités diverses pour aboutir à un consensus sur les valeurs communes à défendre pour préserver les spécificités des journalistes. », explique Vincent Berthier, responsable du desk technologies de RSF. Ce document repose sur 10 principes portant sur la production, la collecte et la diffusion de l’information.
RSF a également lancé le projet Spinoza, avec pour premier partenaire l’Alliance pour la presse d’information générale, qui regroupe une douzaine de groupes de presse. Cette démarche expérimentale vise à fabriquer en interne un outil d’intelligence artificielle opérant sur les données que les rédactions mettent à sa disposition, afin que ces dernières s’affranchissent des IA qui ne leur appartiennent pas. Enfin, RSF a lancé un troisième projet sur les faux profond – ou infox vidéo – avec la création d’un délit international d’usage de ce procédé.
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