Moselle. Savez-vous pourquoi la rue de la Chèvre à Metz porte ce nom ?

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La rue de la Chèvre. Voilà un drôle de nom. D’autant que l’artère désignée est en réalité un lieu. Actuellement en travaux, elle accueillera bientôt un jardin de poche organisé entre le parvis de l’église Notre Dame et la cour de l’école publique de la Miséricorde en incluant la chapelle éponyme et son carré d’herbe.

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Quant à la chèvre, on ne sait pas où la trouver. Dans le secteur, d’autres rues portent des noms d’animaux. Il y a le Grand Cerf, juste à côté. Mais aussi, plus haut, la rue Aux-Ours ou la rue des Faisans. L’historien Sébastien Wagner nous apprend, dans son Dictionnaire historique des rues de Metz que ces noms étaient ceux d’hôtelleries qui régalaient les Messins à différentes époques. Serait-ce une piste ?

La rue de la Chèvre est aujourd'hui en chantier. Sur cet espace qui est en réalité un lieu, la Ville de Metz est en train de réaliser son premier jardin de poche avec pavage laissant l'eau s'infiltrer, plantation d'arbres, aire de jeux et ouverture de la cour d'école. déminéralisée les week-ends et les vacances. Photo Céline Killé

La rue de la Chèvre est aujourd’hui en chantier. Sur cet espace qui est en réalité un lieu, la Ville de Metz est en train de réaliser son premier jardin de poche avec pavage laissant l’eau s’infiltrer, plantation d’arbres, aire de jeux et ouverture de la cour d’école. déminéralisée les week-ends et les vacances. Photo Céline Killé

Il se trouve qu’une hôtellerie de la Chèvre a bien existé (citée en 1475) et qu’elle était « la propriété du maître échevin Pierre Baudoche », glisse l’auteur. Mais le nom vient d’ailleurs…

Un riche marchand

Avant de devenir Chèvre, l’artère s’est appelée rue des Gournais, en lien avec l’hôtel projette rue du Grand-Cerf. Ici a vécu un riche marchand qui, voyant la fin arriver, a légué « des biens considérables à l’hôpital Saint-Nicolas et à diverses maisons religieuses de la Ville », décrit l’historien Sébastien Wagner.

« En échange, il avait demandé à l’hôpital de placer une lampe d’huile de noix devant trois reliques dans la chapelle du Saint-Esprit », complète Michèle Grandveaux, co-fondatrice de la Société d’histoire du Sablon. Ce négociant, mort le 7 juillet 1458, s’appelait Collignon de la Chieuvre. C’est ainsi que s’est appelé la rue durant la première moitié du XVIe siècle. Avant de se muer en… chèvre !

Prières et pétitions

Plus tard, les autochtones s’en sont mêlés. « Des religieux protestants qui avaient obtenu l’autorisation de faire leur prêche dans un jardin acheté pour soixante ans […] ont construit un temple petit à petit », raconte Michèle. Mais il a fini par être fermé, puis interdit et démoli en 1665.

La même année, les Jésuites bâtissaient leur église, la future Notre-Dame, puis un collège et rebaptisaient l’artère en rue des Jésuites (dans sa portion actuelle). Jusqu’à ce que le vent tourne encore et que l’on confisque leurs biens puis leur ordre par un édit royal.

Après la Révolution, dans la rue redevenue Chèvre, Notre-Dame s’est transformée en église paroissiale. Malgré trois pétitions en 1854, 1888 puis 1892 pour une rue Notre-Dame, rien ne peut déguerpir l’animal.

C’est donc rue de la Chèvre que s’installa le pensionnat de la Miséricorde, créé par Mgr Dupont des Loges, avant d’aller se percher, dans les années 1960, sur la colline Sainte-Croix.

Une portion de la rue supprimée

La chèvre perdit ses pattes pourtant sous les assauts des pelleteuses en 1970 lieux construisent le centre commercial Saint-Jacques et supprimant la portion entre la rue de la Tête-d’Or et Fournirue.

Sur la place du Marché de la Chèvre, issue de la rue de la Chèvre, existe un drôle de caprin. Il s'agit du Dahu à Cinq Pattes, galerie d'un collectif d'artistes (ex-Vitrine Éphémère). Photo Anne Rimlinger

Sur la place du Marché de la Chèvre, issue de la rue de la Chèvre, existe un drôle de caprin. Il s’agit du Dahu à Cinq Pattes, galerie d’un collectif d’artistes (ex-Vitrine Éphémère). Photo Anne Rimlinger

Dès lors, l’entrée du centre Saint-Jacques, via la rue de la Tête-d’Or, se fait par la place du Marché-de-la-Chèvre qui correspond à l’entrée de la section disparue de la rue de la Chèvre.

Ce lieu n’a jamais vendu de caprins. En revanche, elle abrite le Dahu à cinq pattes (ex-Vitrine éphémère), un collectif d’une trentaine d’artistes dont la galerie occupe les locaux de l’ancien restaurant Gold.

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