Patrimoine. Le Mont des Cats, outre l’unique abbaye vivante du Nord, tenue par divers atouts

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Ascension pédestre, équestre ou cycliste du Katsberg (164 m), le Mont des Chats est-ce que plus sacré des Monts de Flandre dans le Nord. Cette colline verdoyante fait partie d’une « chaîne » – la baptiserons-nous la « Cordillère des Flandres » ? – qui bosselle la platitude des paysages septentrionaux. Si ces « buttes tertiaires », faites de sables et de grès ferrugineux, n’ont pas toujours été, comme aujourd’hui boisées, elles ont été des refuges naturels très anciennement peuplés. Ici, pas par des « chats », même si on prononce ce mot « cats » en picard. Les Cats en question étaient le peuple germanique des « Katts » (ou Catti, en latin) qui donnèrent bien du fil à retour (le fil… de l’épée) aux légions romaines.

Des Antonins, un ermite flamand, et un zouave

C’est sur ce mont que, poursuivant le mouvement de la Contre-Réforme catholique dans les Pays-Bas espagnols, s’installèrent vers 1640 des ermites vénus de Flandre. Ainsi le frère Grimminck (1676-1723), dit « le saint du Westhouck ». Ces religieux étaient affiliés à « l’Ordre hospitalier des chanoines réguliers de Saint-Antoine », nom d’un village-abbaye (XIe), proche de Grenoble.

Soignant, éduquant les enfants, appréciés de la population locale, ils furent, comme tout le clergé français, chassés et spoliés par les révolutionnaires. Les bâtiments en ruine furent rachetés en 1819 par un pieux artiste-peintre d’Hazebrouck, Nicolas Ruyssen (1757-1826), qui créa d’abord un pensionnat. Puis il confia son domaine à une délégation de Trappistes vénus de l’abbaye cistercienne du Gard (à Crouy-St-Pierre, vallée de la Somme.)

En 1847, la nouvelle fondation fut établie en « abbaye » (c’est-à-dire monastère cloîtré ayant à sa tête un « abbé » portant la crosse épiscopale). Le développement se poursuit avec, comme toute institution humaine, des hauts et des bas. Parmi les « bas » : les lois anticléricales de 1901 et l’exil ou la destruction des bâtiments néo-gothiques presque neufs lors de l’offensive allemande qui perça le Front au printemps 1918. Autres tribulations durant la 2e Guerre mondiale.

Actuellement, nouvelle épreuve, les vocations : les moines, qui, avec les convers, atteignaient il ya un siècle presque la centaine, sont une vingtaine à moyenne d’âge élevé. Parmi les « hauts », des signes évidents de réussite matérielle et spirituelle : des « filiales » furent créées en Italie, en Hollande, à Madagascar. Et même… dans le Pas-de-Calais : les Trappistines de Belval (monastère fermé en 2012).

En 1898, le père abbé de « Notre-Dame du Mont des Chats » fut, à Rome, élu supérieur général de tout l’Ordre des Cisterciens réformés : c’était un ancien capitaine des zouaves pontificaux, nommé dom Sébastien Wyart (Bouchain 1839 -Rome 1904). A notre époque, l’abbatiat de dom André Louf (Louvain 1929 -Mt des Cats 2010) a duré quasiment 35 ans : il a notamment permis l’aggiornamento de la communauté, à la fois pour les bâtiments et pour les rapports au monde.

Fromage et bière, produits dérivés de la prière ?

A partir des années 1960, la sociologie monastique change, le mode de vie et les mentalités suivent : d’une majorité de Trappistes plutôt issus du milieu rural, on est passé à un recrutement plus éclectique, parfois plus problématique, entraînant un discernement plus long . Les retraites (environ 4000 personnes/an) sont maintenant ouvertes aux femmes, les bureaux ne sont plus intégralement chantés en latin, le marketing s’est invité dans la gestion du « Temporel ».

Sommet touristique incontournable, le Mont des Cats attire environ 300 000 visiteurs annuels. Certains fréquentent le magasin de l’abbaye : le fromage (un port-salut à pâte pressée non cuite) est vendu sous plusieurs formes et durées d’affinage. Il s’accompagne depuis 2011 d’un retour aux traditions (ici une brasserie dès 1845) avec la commercialisation d’une bière brassée par leurs confrères de l’abbaye de Scourmont-Chimay.

Comme le dit en souriant le Père hôtelier : « Nous sommes une grosse PME : 15 salariés ! Des impôts… proportionnels à la taille de nos locaux ! 180 tonnes/an de fromage sorti de nos caves… Nous devons vivre de notre travail, notre Règle l’exige, mais nous sommes d’abord des contemplatifs, cela signifie 6 h/jour dans les stalles de notre église. » Si des foules parcourent toutes ces beautés patrimoniales entre le littoral et la MEL, les moines sont pour beaucoup dans la forte fréquentation de cette halte pieuse, verte, sportive, gustative…

Un matin tôt, vue des abords de l'abbaye.
Un matin tôt, vue des abords de l’abbaye. ©Jean-Louis Pélon

Autres pôles d’attraction

Tout contre l’abbaye, vous pouvez entrer dans l’église St Constance, rebaptisée St Bernard en 1990, qui sert aux paroissiens et aux pèlerins, voir le chemin de croix fait par un bénédictin de Wisques. Ou voir, voilée parmi les arbres, une mystérieuse chapelle : au chevet, est creusée une grotte avec un grand crucifix allongé, protégé par une grille couverte de « loques », ces morceaux de vêtements de « meurtris de la vie » pour qui la famille demandez l’intercession de Jésus, de Marie, de tel saint.

Cette « dévotion de conjuration » existe depuis des temps immémoriaux, le christianisme ne l’a pas bannie. Plus loin, une vaste pâture est plantée de mâts métalliques peints en verts d’une trentaine de mètres de haut. Les fameuses « perches de tir à l’arc vertical », très en vogue en Flandres (4000 archers français environ). Il faut toucher un « oiseau », le « papegai », sorte de bouchon ou de plume de 4 cm d’épaisseur. Essayez donc : concentration, œil vif et biceps d’acier !

Au Mont des Cats, trois manifestations annuelles attirent un public nombreux et pluriel : le Chemin de croix du Vendredi saint, la Procession du 15 août et la Saint Hubert en octobre.
Jean-Louis Pélon

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